LA FRANCE CHAMPIONNE DU MONDE DE LA FUSION NUCLÉAIRE
Aline Chenu • 26 mai 2025
🏆 La France, championne du monde de la fusion nucléaire !
Le 12 février 2025, le Tokamak West du CEA, sur le site de Cadarache à Saint-Paul-lès-Durance (13), battait le record mondial de durée de plasma, dépassant de 25% le précédent record détenu par le Tokamak East en Chine.
Plongeons au cœur de ce donut géant où s’est déroulé cet exploit, de bon augure pour la technologie des plasmas de fusion, sur laquelle se base le projet Iter.
Le 12 février 2025, le Tokamak West du CEA, sur le site de Cadarache à Saint-Paul-lès-Durance (13), battait le record mondial de durée de plasma, dépassant de 25% le précédent record détenu par le Tokamak East en Chine.
Plongeons au cœur de ce donut géant où s’est déroulé cet exploit, de bon augure pour la technologie des plasmas de fusion, sur laquelle se base le projet Iter.

⚛️ La fusion nucléaire, késako ?
Avant de commencer, il est essentiel de faire une parenthèse théorique de chimie physique.
Tout ce qui existe sur Terre, et dans l’espace, est composé de briques, les molécules, elles-mêmes composées de briques élémentaires, les atomes. Par exemple l’eau est composée d’un atome d’oxygène, noté O, et de 2 atomes d’hydrogène, notés H, ce qui donne la molécule H2O.
Les atomes contiennent un noyau, composé de neutrons et de protons, autour duquel gravitent des électrons. Dans le noyau, les neutrons et les protons sont liés par une force, la plus puissante de la nature : l’interaction forte porteuse de l’énergie de liaison nucléaire.
Il existe deux solutions pour parvenir à récupérer cette énergie :
- La fission : en cassant des noyaux dits « lourds » comme l’uranium-235 dans les centrales nucléaires
- La fusion : en fusionnant 2 noyaux « légers », comme le deutérium ou le tritium (2 « jumeaux » de l’hydrogène)
C’est par des réactions de fusion que le soleil émet de la chaleur et de la lumière.
Mais pour que la réaction de fusion se fasse, on doit réunir des conditions de températures extrêmes, de l’ordre de plusieurs millions de degrés Celsius.
À ces températures, la matière n’est ni solide, ni liquide, ni gazeuse, elle est sous la forme d’une « soupe » : le plasma.
Dans le plasma, les noyaux et les électrons sont libres de circuler comme ils veulent. Dans un plasma d’hydrogène, principe que les scientifiques du CEA mettent en œuvre dans le Tokamak West, les noyaux fusionnent et forment un noyau plus lourd, en dégageant de l’énergie sous forme de chaleur et de lumière.
🍩 Le Tokamak, un donut géant surpuissant
Pour parvenir à réaliser une réaction de fusion, il faut donc un équipement capable d’atteindre des températures extrêmement élevées permettant au gaz utilisé d’être à l’état de plasma.
Mais ce n’est pas la seule contrainte. Pour que le plasma ne se refroidisse pas au contact des parois de l’enceinte, il faut l’empêcher de les toucher. Pour cela un champ magnétique hyper puissant (100 000 fois supérieur à celui de la Terre) guide les particules de plasma tels des rails. La structure en tore (sorte de donut) du Tokamak permet de répondre à ces contraintes.
Pour produire à l’échelle industrielle de l’électricité, l’enjeu principal est de maintenir un plasma de fusion stable le plus longtemps possible.
L’équipe du CEA de Cadarache y est parvenue en battant donc le record mondial de plasma en fusion le 12 février 2025 : en dépassant de plus de 25% le précédent record détenu par le Tokamak East en Chine, ils ont atteint un temps de plasma de fusion de 1337 secondes soit plus de 22 minutes !
« WEST a franchi une étape technologique importante en maintenant un plasma d'hydrogène pendant plus de vingt minutes grâce à l'injection de 2 MW de puissance de chauffage. Les expériences vont se poursuivre en augmentant cette puissance. Cet excellent résultat permet à WEST et à la communauté française de se positionner au premier plan pour préparer l’exploitation d’ITER.» a commenté Anne-Isabelle Etienvre, Directrice de la recherche fondamentale au CEA.
Ce type d’essai permet également de tester la résistance des composants du Tokamak aux rayonnements du plasma sans par ailleurs le polluer en retour.
Le Tokamak West a ainsi pour but de valider plusieurs objectifs scientifiques liés à un composant critique d’Iter : le divertor en tungstène activement refroidi. Ce composant sert à récupérer les atomes d’hélium produits durant la réaction de fusion nucléaire.
⚡️ Et la production d’électricité dans tout ça ?
Dans les parois du Tokamak circule un fluide caloporteur qui récupère la chaleur dégagée lors des réactions de fusion. Cette chaleur permet ensuite de produire de la vapeur qui actionne des turbines pour générer de l’électricité.
D’après le site du CEA, « la fusion pourrait devenir une nouvelle ressource d’énergie illimitée, sans risque majeur, et sans déchets hautement radioactifs à stocker ».
La suite au prochain record…
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